Quelques notations encore ici relatives au réseau social Twitter
et à quelques premiers constats après quelques mois d’usages.
Twitter ou
Facebook ?
Les utilisateurs de Twitter font souvent allusion à ce
qui les distinguerait des utilisateurs de Facebook. Le réseau Facebook se
construit autour de relations interpersonnelles où la vie privée peut prendre
une large place avec tous les soucis de confidentialité que l’on connaît. Mais
ce n’est pas sur ce plan que les utilisateurs de Twitters se situent : ils
évoquent souvent l’immaturité dont feraient preuve les utilisateurs de
Facebook.
Pourtant, on verra plus loin que leur vision « élitiste »
se trouve contredite par bien des aspects.
Dans la réalité, je possède deux comptes Facebook dont l’un
est davantage centré sur les domaines professionnels et trois comptes Twitters,
dont l’un est personnel, ouvert sur des centres d’intérêts liés entre autres à l’actualité
ou à la poésie, le deuxième centré sur des intérêts professionnels mais en
relation avec un blog et un site privés et le troisième attaché à un site professionnel
plus institutionnel.
Bien que peu actif, je suis présent également sur les
réseaux sociaux de Google dont j’apprécie l’idée de « cercles » et le
réseau fr.linkedin.com dont j’ai une utilité professionnelle moindre. Mon cadre
d’exercice fait que je ne cherche pas à promouvoir particulièrement à l’externe
ce que je conduis ou produis en interne.
On percevra donc ici le besoin que j’ai ressenti de
cloisonner certains espaces, de les distinguer, même si un internaute averti
saura faire le lien assez vite, à la fois pour des raisons pratiques (éviter l’envahissement
par exemple de la sphère professionnelle sur la vie privée) mais aussi des
raisons éthiques (éviter la confusion entre par exemple mes positions de
citoyen et la neutralité à laquelle mon cadre professionnel m’engage).
Si l’on retrouve des amis du Facebook « professionnel »
qui me suivent également sur le « Twitter d’intérêt professionnel »
(mais privé), le cloisonnement est quasiment effectif.
La plupart de mes amis « Facebook » qui me
suivent sur le compte « privé » ignorent tout de mon activité sur
Twitter. J’avais un temps rattaché les deux réseaux, mais cela peut avoir un
côté envahissant.
Une pratique régulière de ces réseaux engage donc à la
régulation comme au cloisonnement.
J’effectue la même chose avec mes boîtes aux lettres.
Le nombre de followers :
Les statisticiens disposent probablement d’outils
permettant de montrer comment ce nombre croit ou décroit le cas échéant avec
des effets d’impulsion, de croissance forte, de paliers…
Car cette croissance s’effectue par paliers progressifs.
Il me semble qu’obtenir trois cents abonnés a été facile puis qu’un seuil a été
observé avant que ne s’effectue une sorte de bond pouvant être assez rapide jusqu’à
toucher un nouveau palier (à 500, puis à 600). Aujourd’hui, ils sont un peu
plus de 700 abonnés.
Ce n’est évidemment pas grand-chose si l’on compare aux
deux ou trois mille abonnés qui peuvent suivre un adolescent.
Par courtoisie et intérêt, j’ai pour habitude de m’abonner
à qui me suit, n’excluant personne, même si j’observe parfois des centres d’intérêts
bien éloignés des miens… la seule réserve portant sur les diffuseurs de
théories racistes ou homophobes ou d’abonnés agressifs (trolls).
En général je me désabonne des personnes qui ne me
suivent plus, de façon à alléger un peu le fil des messages.
Pour revenir à ce que je disais plus haut, pour nombre de
membres de ce réseau, l’enjeu est surtout d’augmenter « à tout prix »
le nombre de « followers » quitte à passer par diverses stratégies
dont des applications en ligne qui sont à ce titre efficaces mais assez
intrusives.
À cet égard, la démarche visant à satisfaire son égo voire
à rechercher d’hypothétiques revenus issus de la publicité ne témoigne pas d’une
maturité particulière, mais dans tous les cas l’exposition sur le Web ou les
réseaux sociaux suppose au-delà des échanges, la recherche d’une certaine
reconnaissance et anime toute personne publiant sur Twitter.
Dans cet esprit le désabonnement peut être vécu comme une
sanction.
Il est intéressant de croiser l’effet de certains
messages avec des désabonnements : certaines positions politiques ont le
plus souvent engendré des désabonnements.
Passons sur la recherche de personnes connues, les suivre
est souvent intéressant, être suivi par elles vu comme une consécration… que je
n’ai pas obtenue ni recherchée même si j’ai plaisir à compter parmi mes abonnés
un bon nombre d’experts dans leurs domaines (en cela et pour les échanges de
connaissances, je me trouve comblé).
D’où viennent-ils ?
60% des followers (source Tweepsmaps) sont localisés en France
et une grande partie d’entre eux en région parisienne. Ensuite, exception faite
des États Unis et du Canada, l’émiettement est considérable, montrant en cela
une certaine dispersion sur le globe. Pourtant, nombre des messages produits
restent très franco-français.
Si quelques suiveurs sont effectivement non français,
parfois peu francophones, il semble à la teneur des échanges, que les français
de l’étranger utilisent volontiers Twitter, l’enquête reste à poursuivre.
À ce titre, l’usage que j’ai de Facebook est limité à la
sphère francophone et reste très centré sur la métropole.
Les listes
J’ai constitué sur Twitter des listes d’intérêts (autour
de la politique, de la poésie, de l’information etc.). Elles me permettent de
mieux repérer à qui je m’adresse. Certains abonnés peuvent relever de deux
listes, tous les abonnés ne relèvent pas d’une liste, il faut également penser
à suivre la tenue des listes au fil des abonnements.
ministres
nommés le 16 mai 2012
18 membres
91 membres
62 membres
26 membres
18 membres
liste du
blog de la politique http://delapolitique.blogspot.com/
134 membres
On notera que les abonnés de la liste « politique »
sont les plus nombreux, l’actualité récente a évidemment nourri cette
thématique et continue de le faire.
La liste pédagogie est moins nourrie depuis que j’ai
réactivé le compte lié à ce thème et aux sites animés par ailleurs.
S’il y a lien entre ces listes et les cercles de
discussion en termes de fréquence, on observe également l’émergence de réseaux « non
explicites » : le premier est nourri d’affinités électives. C’est-à-dire
que sont apparus sous les 140 caractères des courants de sympathie, des formes d’amitiés
à distance même s’il reste toujours une certaine retenue. Twitter n’est pas
pour moi le lieu de confidences trop personnelles.
Toutefois, en particulier lorsqu’on parle ou l’on ose (ou
tente) des évocations d’ordre poétique par exemple, des retours ont lieu qu’ils
soient directs sous la forme d’échanges publics ou de messages privés.
Parfois également, une prise de position, la défense de
valeurs ou l’évocation d’une « communauté » (terme que j’aime peu par
ailleurs) peut vous faire entrer dans un nouveau cercle de discussion.
À l’inverse,
existe une forme de cercle beaucoup plus fluctuant et instable que l’on
pourrait désigner comme celui des « polémistes », c’est-à-dire d’abonnés
(rares) ou de lecteurs extérieurs souvent en quête de notoriété, cherchant
parfois la provocation ou la mise en cause personnelle et qui viennent échanger
à partir d’un tweet dans une tonalité où le débat n’est pas vraiment recherché.
Leur répondre, c’est souvent accroitre leur propre notoriété mais se taire
peut-être pris comme une concession par exemple à des théories fumeuses, de la
désinformation, de la propagande etc.
Pour être honnête, il m’arrive de réagir au tweet d’une
expression raciste ou nazie pour le dénoncer… mais il faut ne pas se laisser
entraîner et rester tout à la fois respectueux vis-à-vis des personnes et ferme
vis-à-vis par exemple du respect de la Loi ou des faits.
Une de difficultés est que certaines personnes cherchent à faire des coups, n'hésitant pas à publier des images montrant les insignes nazis ou à appeler au meurtre. Le signalement finit à la longue par porter ses fruits sachant qu'il suffit de quelques minutes pour créer un nouveau compte et recommencer. On espère que peu à peu Twitter saura sans sombrer dans l'excès de la censure, se protéger un peu mieux de ces dérives.
Lorsqu’il m’est arrivé de répondre à des prises de
positions tranchées sur divers thèmes, la discussion s’est rarement montrée
possible.
Comme d’autres réseaux, s’il ouvre une part à l’information,
Twitter exerce surtout une fonction de renforcement des convictions initiales
plutôt que d’évolution d’un point de vue.
Néanmoins, il permet de retrouver des personnes
partageant des convictions ou une approche…
Pour peu que l’on soit attentif et pas trop fermé, il est
possible de dépasser les clivages habituels.
Une des difficultés étant de part et d’autres de situer l’interlocuteur,
ses intentions, ses opinions…
Il ne serait pas inintéressant en cette période de
trouble idéologique où l’Histoire est souvent « oubliée » d’analyser
dans les postures des uns et des autres les positions, les glissements
idéologiques…
Il est rare que l’on change de perception grâce à une
discussion via Twitter. En revanche, la plus-value d’ordre informatif est
certaine et « je clique » souvent à partir d’un lien Twitter (avec
prudence car nombre de liens conduisent à des sites porteurs de virus ou
intrusifs).
Retweet
D’autres signes d’intérêt se manifestent via la pratique
du « retweetage » c’est-à-dire du transfert d’un lecteur abonné ou
non vers ses propres abonnés d’un « tweet » jugé digne d’intérêt. C’est
souvent une marque de reconnaissance. Parfois, le tweet peut se trouver cité.
Addiction ?
En période de vacances, une certaine disponibilité permet
de se connecter rapidement et souvent à l’aide d’un smartphone. Il faut se
garder de sombrer dans l’addiction. Je note que Twitter est un compagnon
utilisé souvent en commentaire d’une émission radio ou télé d’information ou en
notation pouvant venir souvent par esprit d’escalier aussi bien à la suite d’une
discussion avec des amis, l’envie de pointer un fait repéré, une idée venue entre
deux tâches ménagères ou une notation suite à une lecture sur le Net.
Remonter le propre historique de ses messages est
fastidieux, peut-être la nature des choses me conduira-t-elle à être moins
bavard sur l’un des comptes pour privilégier un autre…ou peut-être un nouveau réseau social viendra-t-il se substituer aux existants avec de nouvelles approches ?
Je suis aujourd’hui plus lecteur que producteur, je note
que certains sont très prolixes mais pas forcément en interaction, d’autres
se contentent de réagir à des messages, d’autres écrivent très peu… ou "vident"
leurs messages à l’instar d’une célèbre journaliste voire suppriment
soudainement leur compte du jour au lendemain.
On sait toutefois, qu'il restera des traces de tous ces messages émis...
Outre des usages généralisés mêlant un peu différentes
thématiques avec des approches pouvant se rapprocher de ce que l’on faisait sur un
Facebook semble-t-il en perte de vitesse, ce sont probablement des usages
sériés, précis, orientés qui vont être amenés à se développer avec le risque
alors que les cercles fonctionnement davantage en circuit fermé.
Aux usagers peut-être de contribuer à l’évolution de l’application
en développant de « bonnes pratiques », dans un esprit de dialogue
citoyen et le respect de l’éthique, en la faisant évoluer en fonction de leurs besoins, de ce qu'ils en attendent, en analysant le type de relations qu'ils veulent développer.
Pas si simple.
A suivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire